L’habit ne fait pas le moine
Mes Frères,
Si la situation actuelle est confuse, nous sentons tous que nous entrons dans une nouvelle phase de la crise de notre obédience, les pressions sur la direction actuelle de l'obédience se faisant plus fortes de toutes parts.
Attention mes Frères à cette nouvelle phase.
Beaucoup d’entre nous sont surpris, depuis quelques mois, de constater de la part –allez, appelons les ainsi – de certains « tabliers bleus » une contradiction saisissante entre le discours et le comportement observé.
Vous en avez tous croisé, qui vous déversent à loisir, d’un air sous-entendu d’hommes lucides et bien informés vous mettant dans la confidence, des « Stifani est foutu mais il est le seul à ne pas le savoir », des « je te le dis, son temps est compté », des « tout cela est de sa faute, il faut qu’il parte », j’en passe et des meilleures car vous avez compris ce que j’évoque.
Et vous avez aussi été probablement sidérés de voir les mêmes Frères s’empresser, malgré leurs propos, d’appliquer les directives stifaniennes, de colporter les menaces d’un administrateur ad-hoc ou de risque de faillite de la GLNF, d’appeler les Frères à payer leurs capitations, de rester muets face aux manœuvres illégales de Pisan, de vous enjoindre de « ne pas vous livrer à la destruction de l’obédience », et ainsi de suite.
Je fais le postulat selon lequel les hommes dont on parle sont, à quelques exceptions notoires que nous ne reconnaissons plus comme tels, des Frères, dont nous ne pouvons a priori douter de leur désir sincère de préserver la GLNF.
A la réflexion, mes Frères, il n’y a pas contradiction mais au contraire, et j’ai envie de dire malheureusement, une grande cohérence et une très forte logique de complémentarité entre ces discours et ces actes.
Si ces discours résonnent certes en surface comme de l’auto-justification de comportements apparemment contradictoires, ils préparent en fait et surtout la future sortie du bois de ces soi-disant "résistants de l'intérieur".
Le discours, qui me semble comme je le disais parfaitement construit et répondant aux impératifs d’une véritable stratégie bien pensée, s’articule concrètement autour de trois lignes de force :
1 – Se parer des habits de « résistant de l’intérieur » en se « lâchant » sur Stifani dans des cercles semi privés, pour s’affirmer comme un homme, courageux, libre, lucide sur les évènements, clairvoyant, bien introduit dans les rouages de l’obédience et mieux informé que les autres, à qui on laisse d’ailleurs comprendre qu’on ne peut pas tout dire car tout cela est beaucoup plus compliqué qu’ils ne le pensent. Tactiquement cela justifie ces semi confidences et l’émetteur du discours souhaite en fait ardemment que ses auditeurs privilégiés rapportent et colportent ses propos sur le « temps de Stifani qui lui est compté » ou les « Stifani est foutu ». C'est cela qui lui conférera son statut "d'homme de l'ombre".
2 – Renforcer son image d’homme responsable, plongé dans l’action, et qui lutte inlassablement et là aussi avec courage pour préserver tout ce qui peut-être préservé dans cette situation de tempête, de l’harmonie de la Province aux bâtiments qui servent de Temple et dont il faut absolument payer le loyer… et même les femmes de ménage, et pour éviter tous les dangers qui menacent l’obédience, de l’administrateur ad-hoc au contrôle fiscal des RL, etc… Plus le danger est diabolisé, plus le sens des responsabilités et le courage de l’émetteur du discours sont mis en exergue et vont impressionner l’auditeur.
3 – Marginaliser les « mutins » qui ne seraient qu’une poignée d’acharnés inconscients ne cherchant qu’à détruire la GLNF, des traîtres à la cause maçonnique qui se cachent lâchement derrière leur anonymat, des miasmes qui gangrènent notre belle obédience, des maçons dévoyés avides de destruction, des frustrés désirant un pouvoir qu’ils n’ont jamais eu, des fous furieux qui vont se livrer un jour à une véritable Terreur contre les Frères. Là aussi la diabolisation renforce l’impact du discours. Séparer les Frères des "mutins", tel est l’objectif.
Ce discours en trois temps, très logique et réfléchi, ouvre dès lors, du moins le pensent-ils, la voie à ces Frères qui se positionnent donc comme des « hommes responsables ayant maintenu l’édifice dans la tempête" - « résistants de l’intérieur mais qui ne pouvaient l’avouer », et « recours contre les mutins fous furieux assoiffés de vengeance » - pour prendre ou garder, avec toute l’aplomb du monde et le soutien de Frères indécis ou impressionnés par leur discours et leur courage prétendu, les commandes de l’obédience, ravissant ainsi aux Frères de base tout le fruit de leurs efforts et de leur lutte pour rénover l'obédience en profondeur.
Stifani, Foellner et quelques autres dignitaires indéfendables seront alors lâchés, désignés comme les seuls responsables de tout ce gâchis, voués aux gémonies, virés de l'obédience, et le système dans lequel nous avons vécu reprendra alors tranquillement son cours normal. Seules quelques têtes seront tombées et d’autres auront pris leur place.
Bref, c'est l'histoire des révolutions telle que l'histoire nous l'a enseignée: notre "bourgeoisie franc-maçonne" se substituerait dans ce scénario à notre « aristocratie » actuelle, et le système serait reconduit. Inchangé.
C'est justement mes Frères ce que nous devons éviter.
S’il est exclu de passer par une phase "d’épuration" en sortie de crise, point que nous n’avons hélas pas encore atteint, et s’il s’avèrera nécessaire de réunir tous les Frères sur le chantier de la refondation de l’obédience, il faudra quand même que nous tirions tous au clair un certain nombre de comportements auxquels nous avons assisté pendant cette longue année de turbulence.
Il est en effet difficile de concevoir qu'une refondation puisse se faire en profondeur avec aux postes de responsabilité des Frères qui nous ont conduit dans le mur. Une longue période d'inaction et de méditation sur les colonnes leur sera largement plus bénéfique.
Soyons et restons donc particulièrement vigilants mes Frères.